4) NRJ Years (1989-1995)

Lors de ma première visite à Londres en 1989, j’avais mis la main sur un titre de Paul SimpsonMusical Freedom, dans sa version originale (sans les vocaux d’Adeva).
Titre entendu sur une petite radio régionale qui avait une émission ‘Club’ de qualité pendant laquelle l’animateur habituel avait un soir laissé la place pour trente minutes à un type de retour des States. Le mec passa quelques galettes d’un nouveau style de musique appelé là-bas… le Garage.

C’est en 1989 également, que je tombais totalement par hasard sur l’émission NRJ Club (sur la radio FM NRJ), animée par Dimitri (pas encore From Paris). Ce fut pour moi une révélation…
Je découvris un nouveau son, très différent de la Techno d’ Inner City cartonnant à l’époque et de l’Acid House anglaise qui vivait ces dernières heures de gloire… Un son club bien sûr, mais plus underground, très select…

J’ai gardé sur des cahiers les playlists de l’époque… et des dizaines de cassettes d’émissions enregistrées à la volée.
Voici donc quelques uns des titres et des artistes que j’ai découverts avec NRJ Club, qui deviendra en décembre 89 Megamix, toujours animé par Dimitri et Bibi Fricotin aux jingles.

Coldcut feat. Lisa Stansfield – People hold on, remixes par Blaze et par Dimitri himself [lire la revue de ce titre]
Adeva – I thank you, une production Paul Simpson [lire la revue de ce titre]
ABC – The real thing remixé par Knuckles et Morales [lire la revue de ce titre]
De La Soul – Say no go par CJ Mackintosh & Dave Dorrell
Donna Summer – Love’s about to change my heart remixé de main de maîtres par Cole & Clivillès [lire la revue de ce titre]
Double Trouble & Rebel MC – Street stuff, de la bonne Hip House
Ten City – That’s the way love is, produit par Marshall Jefferson et remixé par Steve Silk Hurley
Paul Rutherford – Oh world ! magnifiques remixes par Dave Clayton & Dave Morales
Roqui – You are on my mind par Rheji Burrell sur l’excellent label Nu Groove
Janet Jackson – Miss you much, Escapade et Rhythm nation par Shep Pettibone
Fresh 4 – Wishing on a star remixé par Dancin’ Danny D
Richard Rogers – Dream lover
Womack & Womack – Celebrate the world, avec le People Unite Remix de Blaze
L.A. Mix – Love together, production de Les Adams revisitée par le duo Morales et Knuckles [lire la revue de ce titre]
Raze – Break 4 love avec la voix de Keith Thompson
Grace JonesLove’s on the top of love, à nouveau David Cole et Robert Clivillès
Yazz – Stand up for your love rights, produit par les Beatmasters
The Blow Monkeys – Wait avec Kym Mazelle, remixé par Juan Atkins et Kevin Saunderson
Chanelle – One man, produit par Blaze et David Shaw, superbe remix par Frankie Knuckles & David Morales
Ce Ce Rogers – Forever, une production Marshall Jefferson
Frankie Knuckles feat. Satoshi Tomiie – Tears, un chef d’oeuvre !!!
The Temptations – All I want from you, le remix de 89 sur Motown
The Chimes – 1-2-3, à nouveau remixé par l’incontournable Morales
Digital Underground – Packet man, UK mixes par CJ Mackintosh
Tafuri – What am I gonna do about your love, remixé par Steve Anderson [lire la revue de ce titre]
Satoshi Tomiie – And I loved you, avec la voix langoureuse d’ Arnold Jarvis [lire la revue de ce titre]
Soul II Soul – Back to life, pour moi leur meilleur titre
Inner City – Whatcha gonna do with my lovin’ un bijou remixé par Morales & Knuckles (again!) [lire la revue de ce titre]
Black Rock & Ron – True feelings, une production Hip House avec d’excellents mixes par Phil Harding et Ian Curnow
Lisa Stansfield – All around the world, splendide DMC Remix par Steve Anderson
Madonna – Vogue, incroyables remixes de Shep Pettibone
Chaka Khan – Life is a dance (The Remix Project), un album regroupant les meilleurs remixeurs de l’année 89
Cathy Dennis – Just another dream, produit par Dancin’ Danny D, remixé par Paul Simpson et Shep Pettibone
Crown Heights Affair – I’ll do anything, remixé par Marshall Jefferson, David Morales, Frankie Foncett
Kym Mazelle – Don’t scandalize my name par Steve Silk Hurley

Programmé le samedi soir de 20 heures à 22 heures, NRJ Club explorait tous les styles… Garage, Deep House, Techno (de Detroit), mais aussi la Hip House, à la mode dans ces années-là.
Le programme était entrecoupé de publicités et des commentaires de Dimitri sur les disques joués… en général des mini-mixes de 20-25 minutes.
Ce format me plaisait beaucoup et je reste nostalgique de cette époque.

Avec Megamix, l’émission fut raccourcie à 60 minutes, et surtout l’heure de diffusion passa à minuit, toujours le samedi soir. Plus aucun commentaire entre les disques, le nouveau jingle l’annonçait… Megamix c’est ‘more music, no talk’.

Dim se contentait de donner sa playlist après 60 minutes de mix, ponctué par quelques jingles empruntés aux séries TV du moment.
Les sets étaient impeccables, Dimitri travaillait ses enchaînements durant toute la semaine, les jingles servant parfois à masquer certaines imperfections.
Le style restait résolument Garage, Deep House avec au fil des années des morceaux plus dubs, plus undergrounds. A chaque émission, Dimitri annonçait la nouveauté de la semaine en début de programme.

J’étais un inconditionnel de Megamix, enregistrant chaque diffusion, pianotant mon minitel pour les playlists, téléphonant au standard d’NRJ quand il y avait des concours (j’ai d’ailleurs gagné comme cela le maxi promo de Björk remixé par Dimitri)…

Pour ceux que cette période intéresse et pour tous les fans de Dimitri, je vous conseille vivement le site http://nrjmegamix.free.fr qui met en ligne des playlists de l’époque ainsi que plusieurs émissions transcodées en digital.
C’est d’ailleurs de ce site que sont tirés les extraits suivants qui nous replongent après quelques minutes d’écoute dans l’ambiance de ces années-là.

Pour l’heure qui vient, nous contrôlerons tout ce que vous verrez et entendrez…
Asseyez-vous Messieurs, installez-vous confortablement…


  

Avec NRJ Club et Megamix, les choses se compliquent alors un peu pour le passionné que je suis. Mon petit disquaire de Paray Le Monial n’arrive plus à suivre… Et pour cause, les disques joués à Paris par Dimitri sont pour la plupart des imports, indisponibles sur les catalogues français. Même à Dijon, où je me rends deux ou trois fois, je n’arrive pas à trouver mon bonheur.
Heureusement, la chance va m’envoyer poursuivre mes études à Limonest, au nord de la banlieue lyonnaise.

Lyon est alors la deuxième ville de France, capitale de la gastronomie, ce qui n’est pas pour me déplaire. Place Bellecour, en plus de la statue de Louis XIV et de quelques bons restaurants, il y a surtout un magasin Fnac.

Quand en 1989, je découvre pour la première fois la FNAC Bellecour, c’est un choc.
Le rayon vinyle est gigantesque… 6 ou 7 meubles de maxis !!!
Et je trouve enfin quelques uns de ces fameux titres imports que je cherchais désespérément depuis plusieurs mois.
J’ai ma petite wantlist avec moi, issue des émissions de Dimitri, avec souvent un titre ou un artiste mal ortographié, l’anglais n’étant pas mon fort à l’époque.
Je demande conseil à un vendeur, qui visiblement surpris de ne connaître aucun des titres de ma liste, m’aiguille alors vers un dénommé Sam.

Semblant toujours débordé, un téléphone dans une main, un catalogue dans une autre et quelques disques sous le bras, Sam m’arrache ma wantlist et commence à me marmonner quelques mots tout en continuant son travail, slalomant entre les rayons.
 »Cà j’ai… çà j’ai plus… çà c’est pas encore sorti… çà, cela s’écrit comme çà… »

D’autres auraient trouvé le personnage peu avenant, voire antipathique… pas moi ! Pour la première fois quelqu’un semblait comprendre et déchiffrer « le langage d’initié » des playlists de Dimitri.
Je ne le savais pas encore, mais Sam était un des vendeurs emblématiques de la FNAC Bellecour… C’est lui qui commandait les imports et qui décidait qui en profiterait… il connaissait tous les DJ’s de la région, certains faisant parfois plusieurs heures de route pour venir se servir à Lyon. Il gardait certains disques au chaud, planqués dans des tiroirs, pour des clients privilégiés. Il était en contact avec les labels branchés et surtout avec Paris… là où tout se passait.

Pour les imports, Sam avait même le droit d’acheter à l’extérieur, en dehors du réseau Fnac. Un de ses fournisseurs était le « magasin » parisien Karamel, très en pointe dans la musique House-Garage. Or, Karamel et son vendeur Xavier, était justement l’un des fournisseurs de Dimitri.
La boucle était bouclée… j’allais enfin pouvoir mettre la main sur la plupart des titres joués dans le Megamix sur NRJ.

Francky & Manu
Je me rendais régulièrement à la FNAC Bellecour avec mes petites listes, et petit à petit Sam me consacrait un peu plus de temps, me conseillant parfois des disques que je ne connaissais pas.
Par l’intermédiaire de Sam, je commence alors à rencontrer d’autres passionnés comme Fabrice, Patrick et Francky, qui eux-aussi écoutaient Dimitri.
On s’échangait quelques infos, puis quelques cassettes… Je me rendis chez les uns et les autres… un petit cercle se forma.

C’était aussi une certaine compétition, pour trouver les news, les exclus… Certains disques arrivaient en 1 ou 2 exemplaires à la FNAC… il fallait être rapide, avoir de la chance, bien fouiner les bacs… Combien de disques me sont passés sous le nez parce que j’arrivais un jour voire une heure trop tard. Je me rappelle nous être disputés comme des chiffonniers avec mon pote Franky pour un disque qui n’était arrivé qu’en un seul exemplaire !

Avec les années, Sam commenca à me mettre des disques de côté, je l’appelai au téléphone pour lui donner mes listes, j’étais devenu un de ses bons clients.
Je dépensai alors entre 1500 et 2500 francs par mois de disques, soit environ 25-30 disques, les imports US étant vendus autour de 80 francs. Les doubles packs étaient eux-aussi plus chers. Les autres maxis étaient à 60 francs. Tout mon budget y passait…

Le plus incroyable c’est que j’ai acheté pendant 3 ans des disques, sans les écouter !
En effet, je n’avais qu’une petite platine avec haut parleur intégré et un diamant qui datait de Mathusalem. De peur d’abîmer mes précieux disques, je me contentais d’enregistrements sur cassette de l’émission Megamix, en attendant de m’équiper avec un meilleur matériel.

En tant que client privilégié de Sam, j’avais accès à quelques avantages comme la petite cabine d’écoute, située en réserve, où se bousculaient les DJ’s pour écouter leurs galettes avant l’achat. La cabine fermera ensuite, faute de place, après une énième réorganisation des rayons.

De cette époque, je garde le souvenir des étagères garnies de vinyles bien rangés, les belles pochettes, les heures passées en fouinant les bacs, à lire en détail chaque macaron de disque à la recherche d’un nom connu, les discussions à n’en plus finir sur le dernier remix de Morales, la dernière émission de Dimitri et la venue en France de tel ou tel DJ américain…

Dimitri
Tout cela dura jusqu’au 27 août 1994, dernière émission du Megamix… j’ai encore la date et la playlist inscrites dans mon cahier.
L’arrêt du programme me fit l’effet d’une douche froide… Aucune annonce, ni avant, ni après…
Certes Dimitri avait fait quelques faux-bonds à l’émission, mais c’était à cause de déplacements (comme au Japon par exemple) et personne ne s’attendait à un arrêt aussi brutal.

Beaucoup de fans se retrouvèrent un peu orphelins, tristes et désemparés… Pas facile de tourner la page après six ans de complicité radiophonique…
‘Bon Travail Dimitri’
(comme le disait un des ses jingles) et un grand merci à toi pour nous avoir inculqué cette passion… le virus de la House !

  
1) Influences (1982-1987)
2) SAW Productions (1987-1988)
3) Acid & Techno (1988-1989)
4) NRJ Years (1989-1995)
5) Only For DJ’s (1995-1999)
6) MAO & Internet (1999-2005)
7) Mix Collectors (2005-2020)
 

No votes yet.
Please wait...

9 Commentaires

  1. le résumer est génial , SAM était le type qui avait le don de t’agacer , mais ils avait le bon filon sinon il y avait number one DJ plus dans l’italo et un peu plus loin DISCOBOLE plus spécialiser dans le funk .
    personnellement j’allais chercher mes vinyle en Belgique a QUIEVRAIN , il y avait tout ce que l’on pouvait désirer a des prix défiant facilement ceux de la FNAC (30 FRS la pièces ) .
    depuis j’ai tous revendue , pour ce qui est des jingles une bonne partie était tirer de la 1er saison de mission impossible ( détendez -vous relax ) celui sur lequel j’aurais aimer mettre la main c’est celui de BATMAN en feuilleton ( dans quelques instant la suite de notre programme )
    enfin c’est  » fantastique absolument fantastique  » c’est époque voir  » super dément »
    un fan et grand nostalgique de cette émission

    No votes yet.
    Please wait...
    • Oui Number One DJ j’ai bien connu aussi… mais Sam prenait ses maxis les plus rares par Karamel, en dehors du catalogue FNAC, donc il arrivait a degotter la plupart des news de Dimitri avec qq semaines de retard cependant. Quand tu penses en plus que Karamel ratait aussi pas mal de disques (promos et petits labels) c’est dingue le nbre de bombes que nous avons manquees. Heureusement Discogs a change tout cela. Merci de ta visite.

      No votes yet.
      Please wait...
  2. Bonsoir,

    Bravo à toi Manutek, ce topic est excellent…

    effectivement les sensations que tu décries, je les ai ressenti de la mème façon…tout est bien précis…dans ton sujet.

    les privilégiés ,les autres…les mises de coté,celui qui prend le vinyl juste avant toi car il est arrivé 10 mn plus tot…..

    Bref ,c était la belle époque du Vinyl…et des passionnés de toutes ces emissions de radio…Rlp Radio 7, Phil Voltage Fm…etc….

    J’ ai bien connu Xavier dit « la Xav » un type formidable doté d une belle culture musicale ,d ‘ailleurs je sais pas ce qu il est devenu……???

    en tout cas merci pour ce bel article….

    j écoute tes liens….. Son propre et pubs incluses…je ferme les yeux…on s y croirait….

    Arnaud.

    No votes yet.
    Please wait...
  3. Excellent ton site, tu as une adresse mail ?

    No votes yet.
    Please wait...
    • mon mail est manutek@mixcollectors.com

      No votes yet.
      Please wait...
  4. Bonjour Manutek, ton résumé de cette période est passionnant, mais j’espere que tu as trouvé des platines depuis! Avec tous ce trésor c jubilatoire! Je suis aussi un acharné pour trouver les meilleurs galettes! Je comprends ton émotion et je la partage car moi aussi je me suis construit en tant que DJ avec la radio. Un peu plus tard que toi, sur M40 avec Joakim G de Nantes. Depuis je ne cesse de collectionner des vinyls et DIM m’ a beaucoup aidé! Je voulais savoir si tu es encore un DJ en activité? En tout cas, beau boulet mec et RESPECT!

    No votes yet.
    Please wait...
    • Salut Cédric… merci de ton passage sur le site…
      Non je ne suis plus « en activité » car je suis parti en 1999 pour la Pologne ou je travaille dans l’agro-alimentaire… On m’a proposé quelques fois de reprendre les platines mais le style de musique qui m’intéresse conviendrait mieux a une radio qu’a un club…
      M40… oui a mon époque c’était encore Maxximum… ça m’arrivait de l’écouter, il y avait beaucoup de bons mixes mais un peu trop d’Eurodance et de Techno a mon gout.
      A+

      No votes yet.
      Please wait...
  5. Bonsoir Manutek, je reste admiratif devant une telle rétrospective, si bien documentée, à croitre que tu as tout écrit et, contrairement à moi, tout gardé ! Je retrouve des souvenirs similaires, pour avoir habité Macôn jusqu’en 1986 puis lyon jusqu’en 1988, nous aurions pu nous croiser ! Ca fait bizarre de relire ton histoire, moi qui ait aussi enregistré des NRJ Megamix, NRJ Club, du Maxximum à l’époque et d’autres sur mon Hitachi TRK-W55E.
    Je suis tombé dedans à Lyon, pendant mes années lycée. Je vais prendre le temps de lire tes articles car ils sont très bien faits avec plein d’infos sur les titres que nous avons aimés et que nous aimons toujours. Je n’ai pas dépensé autant que toi en disques, plutôt en K7 vierges ! Je me souviens avoir été le premier lyonnais à acheter le max mix 6, il était encore dans le carton. Ensuite, j’ai migré en Normandie où je peux citer Pierre, vendeur disque de la fnac de Caen et DJ sur la côte, qui m’a fourni lui aussi des bonnes galettes entre 1988 et 1995. C’était une sacré époque : touche record –> papier/crayon –> disquaire. Félicitations pour cette tranche de vie dans laquelle je me reconnais un peu aussi. Bonne continuation.

    No votes yet.
    Please wait...
    • Salut Sylvain… et oui on a du se croiser a Lyon chez certains disquaires… content que tu apprécies mon site, cela prend beaucoup de temps de rédiger les posts et dénicher les infos… je vais petit a petit rajouter une fonction « download » sur les players utilises dans mes posts consacres aux classics. Donc tu pourras telecharger les morceaux qui t’interessent le plus. Merci de ton message et A+

      No votes yet.
      Please wait...

Répondre à Manutek Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.




Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.