5) Only For DJ’s (1995-1999)

Alors que la fin de l’émission Megamix animée sur NRJ par Dimitri, aurait pu me faire décrocher de la House Music… le hasard va me remettre sur de bons rails.

Dès 1993 j’ai « émigré » à Tarare (à 80 km à l’Ouest de Lyon) pour mon travail de représentant commercial. La ville ne présente à première vue aucun intérêt particulier si ce n’est une position géographique centrale par rapport à mon secteur de visites.
Ce n’est que fin 94 que j’apprends lors d’une foire aux disques d’occasion, l’existence du magasin Euromix situé à Tarare.

Tenu par Eric et sa femme Myriam, Euromix loue et vend du matériel de sonorisation, avec en plus un rayon disques, des pressages français pour la plupart. Eric et Myriam deviendront des amis au fil de mes visites et de nos longues conversations car je leur dois beaucoup dans la suite de mes pérégrinations musicales.

J’ai rarement rencontré dans ma vie des personnes aussi gentilles, disponibles, toujours prêtes à rendre service. Avec Eric je parle de matos… avec Myriam de disques…
Eric me montre un jour le logiciel Cubase et m’explique que c’est avec cela que travaillent les pros… C’est chez Euromix que j’achète en 1994 ma deuxième platine Technics 1200MK2 et mon lecteur CD Pionner CDJ-500

La même année je déniche une table de mixage d’occasion et je réalise enfin mes premiers mixes beat to beat, « à la Dimitri »
A cette époque je viens tout juste de me procurer le double pack de River Ocean feat. India – Love & Happiness (Yemaya Y Ochún), encore aujourd’hui l’une des meilleures productions jamais sortie par les Masters At Work.
Ce morceau aux accents Tribal House représenta une véritable étape dans la carrière de Louie Vega et Kenny Dope Gonzalez…

Un peu par défi, je commence alors à travailler plusieurs heures sur un minimix incluant des extraits de toutes les versions du double pack de Strictly Rhythm. Après avoir bien identifié et chronométré mes enchaînements, je lance les platines et j’enregistre un mix de 18 minutes que j’ai baptisé plus tard (un peu pompeusement peut-être) le Loviness Re-edit Suite.

Satisfait du résultat, je décidai de ne pas en rester là et comme inspiré par le Megamix de notre Dim’ national, je me lançai dans la réalisation d’une cassette de 90 minutes destinée à mes camarades, eux-aussi fans de l’émission. J’étais impatient d’avoir leur avis sur ma technique…

Cette cassette a survécu et c’est une version digitalisée du MG’s Odyssey 94′ que je vous présente plus bas en écoute.
Je demande humblement aux puristes et autres perfectionnistes du mix, de bien vouloir excuser les imperfections de ce premier jet… et je rappelle aux plus jeunes, que le matériel de l’époque n’avait pas tous ces « gadgets » qui vous permettent aujourd’hui de faire l’enchaînement parfait les yeux bandés et les mains attachées dans le dos. Laughing
Et puis comme le disait à l’époque mon pote Fabrice… ces imperfections donnent du charme à ce mix, elles y apportent un côté humain…

Sur ces 96 minutes (et oui les cassettes TDK avaient toujours un peu de rab’), j’avais compilé quelques uns des meilleurs titres de l’année 94, vocaux et dubs… Je m’efforçai également de varier le type d’enchaînements… courts, start & go, longs à la dimitri, mash-ups…
Je vous laisse juges.


  

 
Mais revenons un instant à Eric et Myriam, car c’est à eux aussi que je dois de découvrir le magazine Only For DJ’s qui n’a alors que quelques mois d’existence. Ce journal mensuel, qui s’est plus tard imposé comme LE magazine français de Dance Music, en était alors à ses balbutiements.
Connaissant ma passion pour la musique House, ils me suggèrent d’envoyer un courrier au magazine pour leur proposer mes services. Only for DJ’s est alors édité à Roanne dans la Loire, situé à quelques dizaines de kilomètres de Tarare. Je leur réponds qu’un magazine aussi spécialisé ne sera sans doute pas intéressé par un type comme moi, mais devant leur instance, je finis par céder et j’envoie à Roanne un courrier expliquant ma passion, accompagné d’une cassette démo des meilleurs titres Garage de ma collection.

Quelques jours plus tard, je reçois un coup de fil de Laurent (de Only for DJ’s), qui me propose une rencontre à Tarare. Je lui montre ma collection, lui fait écouter quelques disques… Laurent est emballé et me propose d’écrire des piges dans le magazine. Bien qu’il m’offre de me rémunérer pour mes articles, je préfère rester bénévole… de toute façon le magazine n’avait pas de gros moyens en ce temps-là 🙂
Laurent me fera ensuite rencontrer Dominique Delille, le rédacteur en chef du journal et à l’origine du projet Only For DJ’s. Après quelques brèves publiées en 1996 dans 3 ou 4 numéros, je propose à Dominique de créer une véritable rubrique mensuelle, avec un layout particulier et un titre, Vocal Station. Une page dédiée aux titres vocaux, Garage et Deep House bien sûr. Je dois remercier Dominique d’avoir accepté et de m’avoir toujours donné une place de choix dans son magazine.







 
A partir de 1997 et jusqu’en 1999, j’ai partagé tous les mois ma passion à travers des revues musicales et des articles, en essayant de faire découvrir au plus grand nombre, les plus taluenteux producteurs, DJ’s, remixeurs, artistes et labels de la planète House.
Grâce à mon statut de correspondant pour Only For DJ’s, je pus même approcher quelques uns de mes DJ’s préférés.

Cela commença en novembre 1996 avec la venue à Lyon de Little Louie Vega.
Le club L’Ambassade recevait pour la première fois, l’un des plus grands noms de la scène House. Je rentrai quelques semaines avant en contact avec le DJ résident Rocco qui m’obtint un pass VIP.

Même si je ne fis pas d’interview de Louie Vega, j’essayai dans mon article de retranscrire l’émotion de la soirée à laquelle j’avais assisté… une fête mémorable.
Pour l’occasion, j’avais également compilé un best-of des Masters At Work sur 3 mixes d’une quarantaine de minutes chacun, estampillés MAW Odyssey.
Malheureusement seule la part.3 aura survécu, les deux autres volumes ayant été perdus… et je n’ai jamais trouvé le temps (ou le courage) de les ré-enregistrer 🙁


  

Grâce à Rocco, je fus ensuite invité à d’autres soirées, où je pus organiser les interviews de Lenny Fontana, Kenny Carpenter ou encore Mousse T.
Je réalisai en général les interviews le lendemain de la soirée, à l’hotel où Rocco avait booké les DJ’s.

Croyez-moi, quand vous allez manger un morceau dans un bouchon lyonnais avec Lenny Fontana, ou que vous recevez un hug de Mousse T. pour vous remercier de l’interview… cela vous fait quelque chose 🙂
Des anecdotes comme cela j’en ai quelques unes… et je remercie ici Rocco de m’avoir donné la possibilité de les vivre. Je regrette juste de ne pas avoir pu rester un peu plus longtemps à Lyon, car cela m’aurait probablement permis de rencontrer encore pas mal d’autres artistes.




 
Mon plus beau « coup », si je peux dire, fut sans doute mon déplacement dans le sud de la France, lors d’une rave où étaient invités Byron Stingily, Claude Monnet, Boris Dlugosch, CJ Mackintosh et l’italien Frank O’ Moiraghi

Oui… vous avez bien lu… tout ce beau monde sur une même scène… en France ! Cela n’est arrivé qu’une fois à ma connaissance… et pour cause !
La soirée fut malheureusement un énorme fiasco, avec seulement une cinquantaine d’entrées, là où les organisateurs prévoyaient des milliers de personnes. Je passe sur le sentiment de honte qui m’envahit quand un technicien du festival me chargea d’aller annoncer à CJ Mackintosh en plein milieu de son set (les organisateurs étant indisponibles !), qu’il devait arrêter les platines et que la fête s’arrêtait là.

 

Je mis néanmoins à profit cette soirée pour interviewer mon idole, celui dont j’avais presque tous les remixes (du moins ceux que j’avais pu trouver)… Mister CJ Mackintosh.
J’en garde un excellent souvenir, car malgré la tension qui régnait en backstage, Chris trouva du temps à me consacrer et nous parlâmes assez longuement.

Cela n’échappa d’ailleurs pas à Mona Rennalls, la tour-manager de Boris Dlugosch qui s’empressa de me proposer le lendemain une interview de son « poulain ». Deux personnes de DJ Mag étaient également sur le coup, une journaliste que je connaissais de nom et une photographe venue spécialement de Londres pour l’événement.

Mona me donna rendez-vous au petit dej’ avec Boris, qui sembla content de me voir, surtout quand je lui dis que j’avais interviewé quelques mois auparavant son pote Mousse T.
Détendu, serein… Boris m’apparu soudain derrière ses lunettes noires comme un simple adolescent de Hamburg qui avait juste grandi un peu trop vite, et non plus comme la veille, une star des platines au regard glacial.

 

Je rentrai donc à Roanne avec non pas une, mais deux interviews, plus l’article sur la soirée qui se transforma vite, quand j’eus repris ma plume, en un coup de gueule mémorable contre la passivité du public et des médias français.

Malgré l’arrêt de mon émission fétiche Megamix, je pense être resté à la pointe des nouveautés grâce à d’autres sources d’informations et d’approvisionnements développées depuis 1994.
D’abord, en plus de la FNAC Bellecour je me fournissais directement chez Karamel, grâce à la vente par correspondance. J’achetais aussi de temps en temps à Hot Box Import.

Lyon avait encore pas mal de magasins de disques intéressants à cette époque, tels que Rhythm’s Records pas loin de la FNAC Bellecour et surtout Tracks ouvert fin 1995, avenue Felix Faure. Un des vendeurs de Tracks était alors Fred alias DJ Spoke, à ne pas confondre avec son homonyme suisse.

 
Côté info, je m’étais abonné au magazine italien Discoid, dont certaines rubriques n’avaient rien à envier à celles de références anglaises comme DJ Mag ou Mixmag.

Mais comme Tracks, Karamel et les autres n’arrivaient pas encore à trouver 100% des titres que je recherchais… je prenais donc mon courage à deux mains et je décidais fin 96 d’appeler le magasin Uptown Records à Londres, dont j’avais trouvé la publicité sur Discoid.
Avec mon anglais approximatif, j’arrivais tout de même à passer une première commande à une certaine Melissa… Peu de temps après, je contactai un autre magasin, Release The Groove, et son vendeur « star » Abbey. Grâce à ces deux contacts, j’allais franchir une nouvelle étape…

Je recevais parfois des news une à deux semaines avant Paris, en version promo ou en white-label, je trouvais des disques anglais assez rares provenant de petits labels undergrounds… Je pense que j’étais arrivé au top de ce qu’un passionné (français) peut espérer atteindre (les choses auraient été sans aucun doute différentes si j’avais habité Londres ou New York par exemple).

Grâce à ma rubrique Vocal Station et à une de mes playlists publiée dans Discoid, je fus repéré par quelques labels étrangers qui m’incluèrent dans leur mailing list. Je recevais régulièrement des promos de Wyze Production (Grant Nelson), des labels US Freebass et surtout Kult Records, présidée par Lilla Vietri. Cette dernière me proposera ensuite de devenir son agent pour la France, mais je dus refuser, ayant déjà d’autres projets hors de l’hexagone.

Dominique Delille me permettait aussi de piocher librement dans les promos que le magazine Only For DJ’s recevait et j’ai ainsi dégoté quelques perles en édition limitée, notamment sur des pressages français.

Ces contacts, ces sources, ces expériences multiples me permirent, je crois, d’explorer les nombreuses facettes de la musique House et du business qui tournait autour.
Beaucoup de mon temps et de mon argent passaient alors dans cette passion.

  
1) Influences (1982-1987)
2) SAW Productions (1987-1988)
3) Acid & Techno (1988-1989)
4) NRJ Years (1989-1995)
5) Only For DJ’s (1995-1999)
6) MAO & Internet (1999-2005)
7) Mix Collectors (2005-2020)
 

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