2) Stock, Aitken & Waterman Productions (1987-1988)
Alors là je vous vois venir… Quoi ! Stock, Aitken & Waterman… de la soupe pour adolescent boutonneux ! De la pop commerciale !
Ouais… mais en attendant, si en 1986 vous lanciez les platines avec Bananarama – Venus, vous remplissiez la piste de danse. Pas sûr que vous auriez fait à cette époque un
gros carton avec la Chicago House du label DJ International, par exemple.
Tout et n’importe quoi a été écrit sur le célèbre trio de producteurs britanniques. Je trouve la plupart des critiques infondées car plus basées sur la jalousie de voir certains réussir que sur de réels arguments artistiques.
Alors examinons les faits s’il vous plait.
S.A.W., c’est d’abord plus de 100 titres entrés au top 40 anglais et 40 millions de disques vendus.
Le groupe formé en 1984, à l’initiative de Pete Waterman (avec sa société PWL) a signé des artistes prestigieux tels que les Bananarama, Gloria Gaynor, Elton John, Laura Branigan, Sybil, Lonnie Gordon, Alison Limerick, Dead or Alive, Debbie Harry, Key West, Malcolm McLaren…
C’est aussi eux qui sortirent d’Australie Kylie Minogue, alors jeune actrice de série pour ados, et en firent une star internationale.
Encore eux qui relancent en 89 la carrière de Donna Summer avec l’album Another Place And Time.
Mike Stock, Matt Aitken, Pete Waterman composaient, jouaient et produisaient la plupart de leurs morceaux. Aitken pour les guitares et claviers, Stock au synthé et Waterman au mixage ainsi que sur quelques remixes.
Ils furent parmi les premiers à tirer pleinement partie des outils modernes de créations musicales tels que les synthétiseurs, les boîtes à rythme, les séquenceurs.
De leur style qualifié à l’époque de pop dance (plus proche selon moi du synth pop) naîtra quelques années plus tard, ce que l’on appela l’Eurodance, version commerciale de la Dance Music.
Bref… ils furent des pionniers, des créateurs, des dénicheurs de talent, des business men… tout cela à la fois, au risque de déconcerter un certain public et une certaine presse.
Parmi les meilleurs artistes produits par les Stock, Aitken et Waterman figurent incontestablement Rick Astley et le duo Mel & Kim.
Never Gonna Give You Up, le premier carton de Rick, est un modèle du genre.
Strings disco, basse funky, cœurs omniprésents, boîte à rythme… ce titre a définitivement un petit côté Garage qui n’est pas si loin de ce que Steve Silk Hurley ou Paul Simpson enregistreront quelques années plus tard.
Si ce titre (Never Gonna Give You Up) avait été interprété par Colonel Abrams ou Chanelle, tout le monde aurait dit… c’est génial… la classe !
D’ailleurs Pete Waterman le raconte très bien dans le reportage ‘SAW : The Hit Factory’ (voir bas de page)… quand le titre est sorti tout le monde pensait que le chanteur était un « black guy » de Chicago et absolument pas un adolescent rouquin de Newton-le-Willows (entre Liverpool et Manchester)…
That was the shock !!!
Oui mais voilà, Rick Astley avec 21 ans au compteur, est le beau gosse… chouchou des « minettes boutonneuses »
Alors évidemment les médias se déchainent… d’un côté la presse ado et people qui en redemande… de l’autre la presse spécialisée et conservatrice qui considère toujours la dance music comme un rejeton du disco, donc persona non grata.
Sorti juste après Never Give You Up, Whenever You Need Somebody est remixé par Pete Hammond.
Bon sang, qu’est ce que j’ai pu écouter ce titre !
Les effets et le mixage sont puissants, excellents pour l’époque. Les rolls de la boîte à rythme me rappellent ceux d’Arthur Baker ou de Paul Simpson sur leurs productions respectives. Les cœurs féminins sont discrets mais terriblement efficaces. Un petit pont vers le milieu du morceau et à nouveau ces deux lignes de basse funky qui se superposent et se complètent. Top !
Autre titre que j’adore de Rick, She Wants To Dance With Me.
Le pressage anglais contient des mixes de Phil Harding & Ian Curnow, mais aussi Peter Hammond avec l’ingénieur du son Mark Mc Guire (que l’on retrouvera plus tard avec S’Express).
Pour ceux d’entres-vous qui lisent les pochettes de leurs disques, ces noms-là vous disent surement quelque chose…
Ces mecs sont des légendes… ils furent à l’Angleterre ce que Shep Pettibone fut aux Etats Unis. Des pros, des pionniers… des « Mixmasters »
Allez… on termine cette série Rick Astley avec My Arms Keep Missing You, que je me souviens avoir acheté lors de mon premier voyage en Angleterre… un titre encore remixé par Phil Harding avec deux excellents mixes, le Dub et le No L Mix.
Tiens… encore une autre particularité du trio SAW… Là où des producteurs « normaux » menaient la carrière d’un seul artiste à la fois, eux s’occupaient parallèlement d’artistes comme Rick Astley, Kylie Minogue, Mel & Kim, Jason Donovan, Bananarama (et bien d’autres encore) en alignant souvent 3-4-5 titres simultanément dans le top 50 (ou 40 en Angleterre). Démentiel !
C’est Nick East, le patron du label Supreme, qui presente les deux frangines aux producteurs SAW.
Leur premier single Showing Out (Get Fresh At The Weekend) rencontre immédiatement le succès en atteignant la troisième place des charts anglais et la première du top dance américain.
Respectable fit encore mieux avec la première place pendant plusieurs semaines en Angleterre, en Allemagne et dans le top dance US. Aux commandes des versions longues, on retrouve comme sur la plupart des productions de PWL, Phil Harding et Pete Hammond.
Je me souviens de la folie qui s’emparait de la piste lorsque je jouais le Club Mix de Respectable… l’effet « mitraillette » de la boîte à rythme sur l’intro, une synth bass de ouf, des effets à gogo sur les voix… quelle bombe !
Tay, tay, tay, tay, t-t-t-tay-tay, tay, tay
Take or leave us
Only please believe us
We are never gonna be… respectable
Like us, hate us
But you’ll never change us
We are never gonna be… respectable !
Ces filles avaient tout pour plaire… mignonnes et espiègles, dégageant une énergie communicatrice.
Excellentes danseuses, elles assuraient le show, comme dans le vidéo clip de ‘Respectable’ que je vous ai glissé en bonus de cette revue.
Cerise sur le gâteau, les pochettes de leurs disques étaient à chaque fois superbes et trois de leurs titres sont même sortis en picture disc (Respectable, FLM, That’s The Way It Is).
Je pense que vous savez tous que Mel est malheureusement décédée des suites d’un cancer seulement 4 ans après leur premier succès sur Supreme Records.
Kim Appleby continuera une carrière solo, avec un album éponyme, prévu à l’origine pour être le deuxième du groupe. Mais la magie du duo avec Mel avait disparu et le style Pop Dance marquait déjà des signes clairs d’essoufflement.
La place me manque ici pour détailler chaque release mais voici un petit florilège de mes coups de cœur de l’époque.
The Hit Factory : The Stock Aitken & Waterman Story
1) Influences (1982-1987)
2) SAW Productions (1987-1988)
3) Acid & Techno (1988-1989)
4) NRJ Years (1989-1995)
5) Only For DJ’s (1995-1999)
6) MAO & Internet (1999-2005)
7) Mix Collectors (2005-2020)
40 millions de disques , cela me parait peu… si on compte les multitude d’edition differentes pour un seul titre…
1989 etait le « Highlight »
JM
j’adorais leur productions sous le label « SUPREME RECORDS » Princess, Mel & Kim, Lonnie Gordon